FOUSSOUBIE et autres cavités voisines (Ardèche, France)                              www.foussoubie.fr

 

 

PAGE : Mise en ligne 19.08.2018 - Mise à jour 24.08.2018 - 6228 visites   au 31.03.2024

FOUSSOUBIE
Première visite de la goule de Foussoubie
Patrick BRUYANT
RECIT D'EXPLORATION : GOULE DE FOUSSOUBIE (ARDECHE) : 14 juillet 1984

Extrait de SCV Activités n°46 (1985) ; Spéléo-Club de Villeurbanne

NDLR : Visiter la goule de Foussoubie (bien sûr si aucune pluie n'est annoncée !), est bien souvent une aventure spéléologique remarquable pour les spéléologues peu habitués à l'eau. Passer sans se mouiller n'est pas une sinécure… Patrick BRUYANT raconte avec sincérité et talent cette première découverte de la Goule, spontanéité et émerveillement qui disparaissent hélas avec l'habitude. Ce texte déjà ancien ne me semble pourtant pas avoir beaucoup vieilli.
   Deux conseils donc : utiliser un vêtement néoprène qui assurera un confort et une sécurité appréciables en vous mettant à l'abri du froid (mais pas du CO2 au taux aujourd'hui bien plus élevé que dans les années 70-80) et ne pas prolonger son séjour dans la cavité au-delà d'un délai raisonnable de connaissance de la météo prévue, les crues peuvent en toute saison étre brutales et soudaines. Foussoubie = fontaine subite.

    « Le soleil est là au rendez-vous et le ciel bleu est sans nuage : les deux conditions minimum sont réunies pour pouvoir rentrer dans la goule. Mais nous sommes déjà en sueur avant d'entrer, car le soleil tape fort. La marmite d'entrée est pleine d'eau, et nous utiliserons le canot par mesure de sécurité. De l'autre côté, sur la berge, on surplombe une grande marmite toute noire, et bien sûr pleine d'eau. Nous mettons un bout d'échelle de 5m. La suite du réseau se trouvant à droite, il faut l'éviter, ce qui est relativement difficile ; on descend dans l'eau jusqu'à la poitrine ; heureux sont ceux qui ont une ponto !
    Nous arrivons en haut d'un petit puits où nous installons une corde avec un fractionnement : il y a un bief profond à franchir, le passage est délicat, l'eau profonde et les berges sans prise. Un peu de progression sur les blocs polis par l'érosion et nous atteignons le puits de 20m (corde de 30m), suivi d'un ressaut d'une dizaine de mètres où se place une échelle. A ce niveau, la roche est décapée, raclée, brossée, nettoyée… tout ce que l'on veut comme qualificatif… c'est incroyable comme la roche est toute lisse. Nous arrivons au méandre équipé en fil clair. René se retrouvera à l'eau ayant eu des problèmes en changeant de longe ; passage du lac avec la branche du siphon 13 à gauche ; nous progressons sur la droite. Nous poursuivons dans des laisses d'eau jusqu'à un carrefour ; à droite branche des siphons 12A, 12B, etc… et à gauche on surplombe une gigantesque marmite, très profonde : bout d'échelle nécessaire et canot. Sur l'autre berge, 10m d'échelle pour descendre le long de coulées de calcite ; il s'ensuit des cascades d'eau provoquées par les remous du canot. Ce passage fut épique, certains passant en canot et les autres descendant, arrosés par les premiers ! Progression dans un labyrinthe de méandres, salles, où l'on trouve coincés des troncs d'arbre de bonnes dimensions, des pneus… et autres déchets de notre civilisation. On comprend la violence des crues !
    A droite, on emprunte une diaclase qui mène au bord d'une marmite (odeur de poisson pas très frais… et relents de pourriture !), avec départ du chenal n.1. Le décor est sinistre, l'eau noirâtre clapote avec des reliefs de dépôt d'ordures, la roche est sombre jusqu'au ras de l'eau ; le peu de gaieté et de couleur est amené par nos combinaisons et les flammes des acéto !
    Là, le canot est obligatoire, tout au moins pour nous qui ne sommes pas équipés en néoprène. Le chenal, ou "rue d'eau" fait une centaine de mètres de long (mesuré avec la drisse), avec un passage bas sur 1m et 20 cm au ras de l'eau, à environ 10m du point de départ. Nous serons plusieurs à faire l'aller-retour et voir le départ du second chenal, nais nous n'irons pas plus loin cette fois-ci (ce qui est curieux, ici, l'eau est claire).
    Nous faisons demi-tour, car nous n'avons pas assez de drisse pour le canot et ce n'est pas la peine de "chercher un accident", car plusieurs d'entre nous sont tombés à l'eau. On les a attrapé par une aile, car l'eau passait par dessus les pontos. Le temps que tout le monde ressorte, la durée des passages en canot et du déséquipement… l'eau paraissait froide à la longue ! C'est lors du petit tour que nous sommes allés faire dans la branche des siphons 12 A et B que l'on s'est aperçu que l'eau était vraiment très froide.
    Nous sortons : le soleil est encore là et nous chauffe de ses rayons ardents. Nous en sommes contents car l'exploration était particulièrement aquatique. A noter que la couleur qui prédomine de partout dans la cavité est en général le noir (teintes très sombres), et que la roche est de partout polie par la circulation d'eau.
    Après la fraîcheur de l'eau à la Goule, nous allons nous baigner à Salavas et consommer une bière bien fraîche ; puis retour au camp pour manger un couscous et faire griller des merguez.
 »

Patrick BRUYANT

  Article
BRUYANT Patrick
dans SCV Activités n°46 (1985) p.26/27
Mis en ligne 971 téléchargements
19.08.2018 au 31.03.2024

Site du Spéléo-Club de Villeurbanne
(Activités, pdf des anciens bulletins "papier" :
Échos du Sous-sol n°1 à 100 (1995-2012)
SCV Activités n°1 à 64 (1964-2001)