PAGE : Mise en ligne 23.02.2013 - Mise à jour
08.04.2022
-
9175
visites
au 30.11.2024
Foussoubie, Fontsubit… Il ne faut surtout pas prendre ce nom avec désinvolture !
Les crues peuvent y être brutales et soudaines. Par exemple, été 1976 : grande sécheresse, de nombreux siphons sont désamorcés et nous ont permis de topographier des zones qui nous étaient encore interdites, en surface la terre est craquelée et on peut glisser la main dans ses crevasses… Le lendemain de notre départ, un violent orage éclate. Les eaux ne pénètrent pas dans les sols mais convergent toutes dans le creux de la cuvette, l'entrée de la Goule est submergée.
1963 : C'est encore peu de temps après le passage du siphon 0 par Jacques NOEL en 1959. Ce siphon a été désamorcé par creusement d'un petit canal entre les deux lacs et par effondrement d'un morceau de plafond.
Au week-end de la Pentecôte, cinq spéléologues lyonnais du Groupe Vulcain décident d'installer un camp souterrain dans un affluent débouchant entre les deux chenaux. Pendant la nuit, un orage violent déverse ses trombes d'eau. Au petit matin, les plafonds dégoulinent et ils comprennent très vite que l'endroit où ils se trouvent n'est pas un abri sûr. Ils se précipitent vers la sortie uniquement avec leurs lampes frontales. Le siphon 0 doit être franchi en apnée et dans les petites galeries qui précèdent le premier lac, l'un d'eux, Bernard RAFFY lâche prise et est emporté par le flot. Un peu plus haut, il a fallu installer un pont de singe au-dessus de la Grande Marmite avec une échelle récupérée sous la cataracte. Jean DUPONT bascule dans le torrent. Les trois survivants s'abritent alors dans la galerie des siphons 12 pour attendre… Le courant diminuant, ils réussissent ensuite à remonter presque jusqu'à l'entrée, mais le bas du P5 est infranchissable !
En surface les secours spéléos sont impuissants. Il pleut toujours et pas question de descendre. Pompiers, gendarmes, armée, harkis, personnalités, journalistes et curieux s'accumulent sur la petite route. Un barrage est construit avec des sacs de sable pour maintenir l'eau au-delà de la route, les pompes des centrales nucléaires de la vallée du Rhône encore en construction, déversent une partie de l'eau dans la vallée voisine. Dès l'entrée, les sauveteurs croisent les trois rescapés très éprouvés par cinq jours de privation et d'angoisse, retrouvent un des corps mais doivent ressortir car le barrage ne tiendra pas ! Les corps sont sortis le 19 juin, leurs prénoms dénomment une cavité de Haute-Savoie qui deviendra un moment le record du monde de profondeur.
Ce même week-end, c'était la création de la Fédération Française de Spéléologie : retentissante et malheureuse publicité !
Les sondes Reefnet posées dans la Goule et dans l'Évent ont mesuré en septembre 2010 une hauteur d'eau maximum de 12 mètres au siphon 4 et d'environ 8 mètres dans l'ensemble du réseau. Les eaux n'ont pas atteint le Camp de Base qui peut pourtant lors de crues encore plus importantes être parcouru par un courant suffisamment violent comme en 2002 où de vieilles poubelles des années 60 ont été remises à jour (ou plutôt à la lumière artificielle des visiteurs). La vague mesurée par les sondes est impressionnante : plus 7 mètres dans l'espace de 15 mn, intervalle de mesure de la sonde !!!
La Goule de Foussoubie est une cuvette de WC avec un Monsieur Météo qui parfois tire la chasse d'eau sans vraiment prévenir ! Le malheureux spéléologue qui s'y trouverait alors joue le plus mauvais rôle : celui du colombin soumis au redoutable sanibroyeur des parois.
Sans oublier le dioxyde de carbone !!! (voir page CO2 sur ce site)
Alors, quelques conseils et faisons simple :
GOULE
Si l'eau coule dans le ruisseau de la Planche, allez donc jouer ailleurs ! Il y a suffisamment de cavités en Ardèche.
Si l'eau ne coule pas et que la météo est incertaine, même attitude.
>>> Ne descendez donc que quand la météo est au beau fixe garanti, et le ruisseau sec !
Avec un ruisseau en décrue et une météo sure, nous sommes descendus dans la rivière active pour une très courte durée.
Il faut cependant savoir qu'avec seulement 5 centimètres d'eau au déversoir (soit environ 20 litres par seconde), le Dernier Lac après les chenaux siphonne. Il est alors assez long et toujours avec une eau putride.
Avec 80 litres par seconde (soit 12 cm), c'est le bas du P5 peu après l'entrée qui bloque.
La marge de manœuvre est donc très faible !
A son niveau maximum, le déversoir plafonne à 630 litres par seconde. Sur les photos ci-contre, le mètre cube est très largement dépassé.
|
Photos BIGOT Jean-Yves (17 novembre 2006 - 10h et 11h) |
ÉVENT
La situation y est beaucoup plus sereine, car il est facile de contrôler le niveau des eaux avant de se lancer dans les traversées soit de l'Évent supérieur, soit de l'aven Cordier.
En cas de doute, laisser le matériel en place et prévoir une équipe de déséquipement par le haut. Tout le monde doit alors être équipé pour pouvoir remonter !
En cas de mauvaise surprise, il faut savoir qu'il est possible de varapper les cheminées qui sortent assez haut en falaise par la sortie dite « Diaclase », un peu étroite pour les plus corpulents.
Mais attention ! Suite à une traversée, Christian BAYLE faisait une pause à la sortie de l'Évent, et sans bruits annonciateurs, la grande bouche a débordé !!! La montée de l'eau est donc extrêmement rapide et bloque momentanément tout le bas de la cavité. |
Photo BRANSOLLE Nicolas - Société ESCALE - AVENTURE
(Saint-Montan) : Évent de Foussoubie (9 juillet 2012)
|
|