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02.11.2023
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Goule de Foussoubie
Août 1962 - Chute de Jacques NOËL
Patrick LE ROUX
Page et pdf mis en ligne simultanément le 11.05.2020
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Lieu et tentative d'explication de la chute
DOCUMENTS
Lieu et tentative d'explication de la chute |
Jean LAVIGNE rend compte du sauvetage de Jacques NOËL avec de nombreuses figures (coupes en long) des difficultés à franchir pour le sortir de la grotte. Un point particulier mérite d'étre abordé : c'est le puits de la chute.
Il semble qu'à ce moment, la découverte de la galerie des Pyjamas [en bleu sur l'extrait ci-dessous du plan GRB F07028] étant encore récente, que les explorateurs maitrisaient assez mal la connaissance de cette zone.
D'un point de vue hydrologique, il va de soi que la galerie des Pyjamas est la continuation ancienne de la galerie principale SCUCL [en vert sur l'extrait de plan], à une époque où le cours d'eau ne s'était pas encore autant enfoncé. De même, la galerie SSF (= galerie du Camp de Base)
[en orange sur l'extrait de plan], située encore plus haut et d'aspect paragénétique, correspond parfaitement au sommet de la galerie SCUCL en forme de "trou de serrure" en amont de cette zone. |
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L'extrait de plan est issu du plan F07028, fortement pixellisé, réalisé depuis un tirage 1/500. Contrairement à ce que je pratique de plus en plus, ces documents ont été mis en ligne sans nettoyage particulier. Grossi, ce n'est pas forcément évident de s'y retrouver. Les parties laissées en noir sont des galeries annexes, y compris le passage CB - Pyjamas.
Le dessin ci-dessous est la version "Photoshop" (colorisation des contours des galeries principales) issue de la version "Illustrator" (en cours) dont l'habillage est colorisé et superposé au plus près du canevas VisualTopo (2008).
Donc galerie SCUCL et galerie des Pyjamas communiquent… mais pas de façon évidente ni très commode. Les sauveteurs de l'époque l'ignoraient-ils ? Ils ont sorti le blessé en rebroussant chemin, via le Camp de Base (CB) et ont mis 7 heures rien qu'à remonter le puits de la chute.
Il leur fallait évidemment prendre un maximum de précautions dans la manipulation de la civière et du blessé. Le passage direct SCUCL - Pyjamas est en lucarne perchée, passer par là aurait aussi été acrobatique… mais peut-être moins long, car la descente du CB vers la Grande Galerie (SCUCL) nécessitait une tyrolienne. Peut-être avaient-ils envisagé un point chaud dans la galerie relativement confortable du CB ? Peu importe, la partie la plus galère du retour à la surface de Jacques NOËL fut son transport sur la perche Barnaud, renforcée de planches, pesant plus de 100 kg, dans l'interminable "couloir de métro", parfois glissant et souvent caillouteux, dans lequel ils durent se relayer régulièrement.
Autre constat, à l'exception de l'équipe accompagnant le médecin de Valence, le docteur SORANO, aucune équipe ne fut envoyée pour les aider : ils ne rencontrèrent (en grand nombre) d'autres sauveteurs que dans les puits équipés. Épuisés, ils purent alors remonter, mais fort de leur expérience au fond, ils eurent encore la force de compléter l'équipement de certains endroits qui sans cela auraient présenté trop de difficultés.
Revenons donc au puits de la chute.
Les premières explorations, dès le franchissement de la voûte mouillante (siphon 0) par Jacques NOËL en 1959 avait très rapidement permis de découvrir environ 7 km de réseau jusqu'au siphon 4. Ce n'est qu'en visitant systématiquement les plafonds et diverticules que l'équipe de Marcel CORDIER (SCL) découvrit le CB en 1960. L'année suivante, les belges qui y séjournaient, découvrirent une infâme chatière qu'ils explorèrent en pyjamas et débouchèrent plus loin dans une galerie nouvelle à laquelle ils donnèrent ce nom. Le passage situé dans le CB lui-même était forcément aussi connu, mais tous avaient sans doute été persuadés de tomber dans le plafond de la SCUCL.
Ce passage est relativement spacieux dans sa partie principale, mais il débouche sur un ressaut de
3 m environ qu'il faut équiper. Il est par contre assez facile de s'y échanger les sacs. Sur la gauche, un passage plus étroit court-circuite ce ressaut en débouchant sur une vire étroite surplombant l'extrémité amont des Pyjamas et un puits d'une dizaine de mètres.
Je suis persuadé que c'est au débouché de ce passage étroit, ou sur sa vire étroite, que Jacques NOËL s'est loupé, pas par imprudence ou précipitation comme cela a parfois été évoqué. S'il a glissé à cet endroit, il a rebondi plus bas sur le sol de la galerie des Pyjamas puis dans le puits. Ce puits semble borgne quand on y descend. En fait, une grande lucarne située environ à 4 m de son fond, communique en hauteur avec la galerie SCUCL. Cette partie de la SCUCL présente une dénivelée importante par rapport au pied du passage qui permet d'accéder au CB. Elle est étroite et fissurée.
C'est pour cela que ce passage est peu connu et surtout peu fréquenté. Il est évidemment plus agréable et plus confortable de faire une pause au CB.
(mai 2020)
DOCUMENTS (5 articles de presse, 4 courriers, 8 autres documents, 1 manquant) |
Jacques NOËL, président du Spéléo-Club «Lutèce», 28 ans, et qui a à son actif de nombreuses explorations notamment en Belgique, avait fait mercredi une chute d'une quinzaine de mètres en rebondissant d'une paroi à l'autre. Il fallut une demi-journée aux sauveteurs pour le rejoindre. Il avait le crâne fracturé, les deux jambes brisées… Huit hommes durent se relayer pendant quinze heures pour le ramener à la surface, à travers des kilomètres de galeries coupées de rivières souterraines.
Le docteur
SORANO de Valence, non spéléologue, guidé par Pierre AGERON du Groupe Spéléo Valentinois, les avaient rejoint. Vers 16 heures, le blessé était sorti et dirigé vers l'hôpital de Vallon où il a été mis en hibernation puis convoyé vers Lyon par une ambulance escortée de deux motards de la route.
AA (1962) Un spéléologue parisien blessé bloqué dans les gorges de l'Ardèche. dans Midi Libre (vendredi 10 août 1962) {p.?}
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GILLES Camille (1962) Il a fallu 15 heures pour l'arracher au gouffre. - Jacques Noël gisait au fond du gouffre, les deux jambes brisées. 15 heures pour remonter le blessé. « A chaque instant, nous risquions de dévisser » raconte un sauveteur. dans Paris presse - L'Intransigeant (samedi 11 août 1962) {p.1 et 7}
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pdf modifié le 11/03/2021
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PAULET Jean (1962) A VALLON-PONT-D'ARC. Sauvetage du jeune spéléologue blessé en explorant une rivière souterraine. - A Vallon-Pont-d'Arc. Douze heures d'efforts pour sauver le jeune spéléologue qui a été mis en hibernation et transporté à Lyon. - [Encart : A propos d'un accident]. dans Le Dauphiné Libéré (vendredi 10 août 1962) {p.1 et 3, 2 photos}
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pdf modifié le 11/03/2021
AA (1962) Dans une grotte des gorges de l'Ardèche après vingt-quatre heures d'efforts, les spéléologues ramènent à la surface un de leurs camarades blessés. dans Le Progrès (vendredi 10 août 1962) {p.?}
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LAVIGNE Abelle (1962) Courrier du 10 août 1962 à sa maman. dans Sorties pour le compte de la Société Dauphinoise de secours en montagne - Dossier d'homologation de secours en montagne {Rapport n.p. (73p.)
; 4p.}
La femme de Jean Lavigne est une habituée des secours en montagne. Elle décrit l'ambiance en surface et donne des détails sur l'état du blessé. |
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au 30.09.2024 |
PAULET Jean [probable] (1962) Mon tour de Vals. dans Le Dauphiné Libéré (vendredi 10 ou samedi 11 août 1962) {p.?}
Commentaire "à la façon du Docteur FRANCUS (Albin MAZON) sur son "accueil" par le responsable des secours, Jean Trébuchon.
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NOËL Henri (1962) Courrier du 28 août 1962 de M. Henri NOËL, père de Jacques Noël, à la rédaction du journal "Le Dauphiné Libéré" dans Sorties pour le compte de la Société Dauphinoise de secours en montagne - Dossier d'homologation de secours en montagne {Rapport n.p. (73p.)
; 2p.}
Protestation contre les apartés du journaliste Jean Paulet quant à son accueil par Jean Trébuchon, responsable de l'organisation des secours en surface.
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LAVIGNE Jean (1962) 8 août 1962. Sauvetage de Jacques NOËL, spéléologue accidenté à la Goule de Foussoubie (Ardèche). dans Sorties pour le compte de la Société Dauphinoise de secours en montagne - Dossier d'homologation de secours en montagne {Rapport n.p. (73p.)
; 9p., 11 fig.}
Jean LAVIGNE est secouriste sauveteur pour la Société Dauphinoise de Secours en Montagne S.D.S.M. et se trouve alors au camp des Gorges de Jean Trébuchon. Dès l'alerte donnée par Marcel Cordier depuis la Goule, avec quelques spéléos expérimentés (André Wilzius, Claude Lamoureux, Pierre Fréneau, Jacques Fiquet et Georges Sauzéat), ils partent aussitôt au secours du blessé auprès de qui se trouvaient Denise, une jeune fille du SCL et Jean Royauté.
Dans la grande galerie entre le Camp de Base et les lacs, ils sont rejoints par Pierre Ageron, le docteur Sorano de Valence (non spéléologue), Gérard Muselet, Louis Berger, Marcel Vaugeois, Robert Usseglio, Marcel Cordier, Alain Fouquet plus Martine Fossé, restée dans la galerie des Dégonflés pour faire du thé.
A partir de la Grande Marmite, des jeunes spéléos envoyés par Jean Trébuchon qui organise depuis la surface,
ont équipés les difficultés de l'ascension (jeunes du Clan Lherminier, de l'AMS Villeurbanne et d'autres…
Ce "rapport août 1962" est rédigé pour la SDSM le 8 septembre 1962. Il paraît dans le bulletin "Explorations souterraines" n°13 (octobre 1962) de l'Association Sportive du Centre d'Études Nucléaire de Grenoble, en collaboration avec l'Association Spéléologique du Vercors puis est utilisé par Gérard MUSELET dans "L'Inconnu souterrain" n°22 (1er trim. 1963) ; Spéléo-Club de Lutèce. Le bulletin du Groupe Ulysse Spéléo (Villebois) le republie dans "Méandres" n°32 (2e trim. 1981) et enfin, Gérard Muselet le ressort (sans figures) dans le bulletin du CDS 07 "Tubes" n°23 (2002). Chacune des 5 versions est peu différente : figures ou pas, parfois numérotées, participants anonymés, commentaires ajoutés…
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LAVIGNE Jean (1962) Courrier du 20 septembre 1962 à Monsieur GERMAIN, président du Secours en Montagne. dans Sorties pour le compte de la Société Dauphinoise de secours en montagne - Dossier d'homologation de secours en montagne {Rapport n.p. (73p.)
; ?p., 1ère seulement}
Jean Lavigne sollicite l'organisation d'un exercice secours en grotte, de l'amélioration de la perche Barnaud pour la spéléo, de la dotation des centres spéléos en matériel et le remboursement de frais.
GERMAIN Félix (1962) Courrier du 28 septembre 1962 à Monsieur LAVIGNE. dans Sorties pour le compte de la Société Dauphinoise de secours en montagne - Dossier d'homologation de secours en montagne {Rapport n.p. (73p.)
; 2p.}
Propose une rencontre mais précise que les interventions en milieu souterrain ne sont pas du ressort du Secours en Montagne (exclu assurance).
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THAUVIN Jean-Pierre (1962) Informations – Les accidents de la saison 1962 - Goule de Foussoubie (près Vallon, Ardèche). dans Spelunca n°1962-3 (3e trim. 1962) ; Comité National de Spéléologie - Société Spéléologique de France {p.47/48}
Résumé de l'intervention et :
« De ce qui précède, on peut tirer comme premiers enseignements : l'utilisation d'une pharmacie contenant autre chose qu'aspirine, coton, sparadrap ; la présence d'un spéléo breveté secouriste ; l'intervention à plusieurs kilomètres de l'entrée, d'un médecin non spéléologue, 40 ou 50 spéléos (?) paraît-il circulèrent jusqu'au bas des puits, ne facilitant pas le travail des équipes. »
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AGERON Pierre (1962) A propos d'un accident à la Goule de Foussoubie (Ardèche).. dans Spéléos n°40 (juillet - septembre 1962) ; Groupe Spéléo Valentinois {p.25/26}
Depuis Valence, trouver et accompagner un médecin pour se rendre auprès du blessé de la goule de Foussoubie. Remonte en surface pour demander du renfort pour l'équipe épuisée.
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LAVIGNE Jean (1962) ACCIDENT de la GOULE de FOUSSOUBIE survenu le 8 Août 1962 à Jacques NOEL, 28 ans 1/2. dans Explorations souterraines n°13 (octobre 1962) ; Association Sportive du Centre d'Études Nucléaires de Grenoble (CENG), section de spéléologie {p.22/28}
Mis en ligne
20.09.2020
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NOËL Jacques (1962) Courrier du 29 novembre 1962 à Fifi [Jacques FIQUET]. dans Sorties pour le compte de la Société Dauphinoise de secours en montagne - Dossier d'homologation de secours en montagne {Rapport n.p. (73p.)
; 2p.}
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Jacques NOËL répond à son ami Fifi à propos de son état de santé : la marche et le traumatisme crânien ne posent plus guère de problèmes, mais ce sont les dents qui le font le plus souffrir ; la vue s'améliore. Il repousse à plus tard son invitation au Maroc (santé, reprise travail) mais fait des projets pour Foussoubie été 1963. |
AA [probablement RORIF Jacques] (1963) Goule de Foussoubie 1962 - Expédition Ardèche. dans Feuilles d'information du SCS n°4 (février 1963) ; SCS Spéléo Club International Senior {p.4/7}
Au moment de l'accident de Jacques NOËL le 8 août 1962, les Belges dont l'expédition a toujours lieu en juillet sont tous rentrés. Ils n'apprennent la nouvelle qu'après coup.
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MUSELET Gérard (1963) Accident Jacques Noël. Goule de Foussoubie (Ardèche). dans L'Inconnu souterrain (1er trim. 1963) ; Spéléo-Club de Lutèce (Paris) {p.26/33}
Cet article utilise les croquis et l'essentiel du texte de Jean LAVIGNE dans son "Rapport SDSM du 8 septembre 1962". Il guide la 2e équipe amenant le Dr Sorano de Valence auprès du blessé et font la jonction avec la première équipe dans son «hallucinant transport» dans la galerie SCUCL.
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Le docteur Jacques FÉNIÈS a basé son travail de thèse sur les accidents survenus en spéléologie : il analyse les évènements connus à cette date.
Les deux accidents survenus à Foussoubie retiennent son attention d'une part par l'importance des secours engagés (12 heures pour sortir Jacques Noël dans le coma en août 1962 ; 200 sauveteurs sur plusieurs jours dans le cas des Lyonnais bloqués dans la Goule par une crue en juin 1963).
D'un point de vue médical, il relève la présence de "maxiton" retrouvée dans une des poches de Jacques Noël en 1962. C'est une amphétamine consommée par les soldats en 39-45, par les cyclistes et par des générations d'étudiants pour préparer leurs examens. |
FÉNIÈS Jacques (Dr) (1965) Spéléologie et médecine ; Masson & Cie, Éditeurs (Paris) {158p. ; p.24, 130, 131, 133}
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LAVIGNE Jean (1962) Accident de la Goule de Foussoubie survenu le 8 août 1962 à Jacques N…, 28 ans 1/2. dans Méandres n°32 (2e trimestre 1962) ; Groupe Ulysse Spéléo (Villebois) {p.14/19}
Réédition du document paru dans Explorations souterraines n°13 (1962). Les noms de personnes sont anonymés.
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MUSELET Gérard (2002) FIAT LUX - Goule de Foussoubie 1962. Accident de Jacques NOEL. dans Tubes n°23 (2002) ; Comité Départemental de Spéléologie de l'Ardèche {p.44/46}
Reproduction sans croquis et texte remanié de (1963) dans L'Inconnu souterrain n°22. Est notamment rajouté un commentaire de l'accident des Lyonnais en juin 1963 et le décès récent de Marcel CORDIER.
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